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La viticulture biodynamique : un engagement vivant pour la vigne et la biodiversité
A LA RECHERCHE D’UN SOL VIVANT
Notre volonté première est de préserver la vie du sol.
Nous limitons la mécanisation, en particulier lorsque le sol est trop mouillé. Le travail des sols se fait en alternant rangs travaillés et non travaillés d’une année sur l’autre pour éviter le tassement des sols.
Nous gardons un enherbement naturel permanent pour favoriser le développement d’une grande diversité de plantes qui vont naturellement décompacter le sol.
En juin, cet enherbement est roulé, au Rolofaca, pour créer un mulch qui protège le sol des fortes chaleurs et conserve une humidité bénéfique à la faune du sol.
À l’automne, nous enfouissons ce mulch, un rang sur deux, avec des disques cover crop, avant de semer un couvert végétal de composition variée selon les besoins des parcelles : orge, moutarde, vesce ou féverole. Pendant près de 6 mois (de Novembre à Avril), ces couverts végétaux limitent l’érosion et, dans le cas des engrais verts, captent l’azote atmosphérique de l’air pour la restituer au sol.
A la fin du mois d’Avril, ils sont broyés pour limiter les risques de gel, puis nous laissons les plantes se développer jusqu’à leurs floraisons. Seul le cavaillon est travaillé avec des outils « interceps » pour maîtriser les adventices et éviter leurs montées dans les souches et conserver ainsi une bonne aération des grappes. Ce travail facilite aussi les travaux en vert et la récolte manuelle. Il est superficiel (5 cm de profondeur) afin de respecter le système racinaire, les horizons pédologiques et ne pas perturber la faune du sol. Il se réalise préférentiellement en lune descendante après la pluie, suivie d’une période sèche, afin de conserver son effet plus longtemps.
La porosité du sol obtenue permet aux micro-organismes de se développer en profondeur et de fertiliser naturellement le sol. La vigne peut ainsi aller s’alimenter en profondeur et explorer toute la minéralité du terroir…

A LA RECHERCHE D’UNE BIODIVERSITE VERTUEUSE
L’enherbement naturel et l’agroforesterie avec une diversité de variétés fruitières et mellifères offrent des floraisons étalées à une multitude d’insectes, qui attirent aussi des prédateurs : Une chaîne alimentaire vertueuse se met en place entre les oiseaux, les rongeurs et les rapaces. Nous laissons des zones sauvages à différents endroits du vignoble : lierre, ronce, talus, bosquets, prairies… Nous plantons des arbres isolés et des haies tous les 12 rangs afin de « casser » la monoculture. En plus de ces habitats naturels, nous avons des ruches, des nichoirs à mésanges et à chauve-souris pour mieux accueillir la faune sauvage. Depuis plusieurs années, nous menons une réflexion sur les plantes bio-indicatrices, mais aussi sur la place de l’animal, sauvage et domestiqué, sur notre domaine. Nous organisons des balades en ce sens au printemps !

APPREHENDER LA BIODYNAMIE
La pratique de la biodynamie amène une manière de penser, d’observer et d’accompagner nos cultures en toute humilité. La protection du vignoble est malheureusement indispensable, surtout au niveau des maladies fongiques : Nous utilisons du cuivre contre le mildiou et du soufre contre l’oïdium. L’utilisation des plantes sous formes de tisanes ou de décoctions permet d’abaisser les doses de cuivre et de soufre. Nos bouillies sont donc complétées avec des tisanes de prêle, ortie, osier, reine des prés, achillée, consoude ou d’huiles essentielles. Le purin d’ortie ou encore le petit lait sont des alliés de choix.
Ainsi, nous utilisons en moyenne depuis 15 ans : 1 kg de cuivre métal/ha/an, ce qui est bien en dessous de la dose maximale autorisée en biodynamie de 3 kg/ha/an.
Bien que la pratique de la biodynamie impose une remise en question perpétuelle et change notre rapport au vivant et à ce métier si complexe de paysan, elle offre aussi une approche très pratique, au travers des outils tels que les préparations biodynamiques ou le calendrier lunaire, que l’on peut utiliser à la vigne comme à la cave.
Voici quelques exemples pratiques :
- Bouse de corne
L’automne et la sortie de l’hiver sont les moments clés pour pulvériser la bouse de corne, appelée aussi 500. Riche en microorganismes (en variété et en nombre), elle renforce la vie microbienne du sol et aide à la formation du complexe argilo-humique (action sur la structure du sol). Elle favorise l’enracinement profond de la vigne et offre une meilleure résilience aux aléas climatiques. Lors des étés chauds et secs, pour aider la vigne à supporter le stress hydrique, nous pulvérisons la « 500 sur feuilles » combinée avec des tisanes appropriées (Purin d’Ortie, Achillée millefeuille ou Camomille matricaire).
- Compost de bouse de Maria Thun
Après avoir enfoui les légumineuses, pour favoriser leur décomposition – ou la décomposition de toute matière organique -, nous utilisons le compost de bouse de Maria Thun.
- Silice de corne
En juin, nous passons la silice de corne appelée aussi 501. Autour de la floraison, pour « encadrer la fleur », elle aide au développement des feuilles et à l’énergie nécessaire à une bonne fructification. Grâce à son pouvoir asséchant et lumineux, la silice peut aussi aider à lutter contre le mildiou.
Une autre pulvérisation est faite 3 semaines avant la récolte, pour favoriser la maturation homogène des baies. Enfin, après les vendanges, la pulvérisation de silice de corne a une action positive sur la mise en réserve dans les racines et le bois et accélère la mise en dormance de la plante.


RESPECTER ET REGENERER NOTRE MATERIEL VEGETAL
La taille permet de former et de maintenir la vigne basse, alors que c’est une liane qui ne pense qu’à s’élever vers la lumière. La taille permet de réguler la vigueur et la prochaine récolte, mais a de graves conséquences sur la pérennité de la plante.
C’est pourquoi au domaine, nous pratiquons la taille douce, dans le respect des flux de sève depuis de nombreuses années. Le principe : éviter de « tailler ras » en laissant des chicots pour éviter les cônes de dessèchement qui bouchent les vaisseaux de sève, réfléchir à l’emplacement des plaies en fonction des flux de sève, limiter le nombre de plaies de taille par la pratique de l’ébourgeonnage…
L’ébourgeonnage, au printemps, complète le travail de taille. Les pampres sont retirés ainsi que tous les rameaux considérés excédentaires. L’objectif est double : réguler la quantité de raisins et aérer la végétation, limitant l’humidité et l’apparition des maladies cryptogamiques. Lors de cette opération, nous préparons la taille de l’année suivante.
Par la taille douce et la pratique de l’ébourgeonnage, nous réduisons les maladies du bois et prévenons le dépérissement de nos vignes.

Il y a un vrai enjeu aujourd’hui à développer des techniques qui permettent de conserver le matériel végétal plus longtemps, la taille douce en fait partie. Nous pratiquons également des voies de reproduction alternatives du végétal :
- Le marcottage : Pendant la taille, nous sélectionnons un rameau vigoureux et suffisamment long pour l’enterrer et former un pied-fils.
- Le recépage : Pendant l’ébourgeonnage, nous conservons certains pampres précieusement afin de reformer un cep sur un pied de vigne vieillissant. Quand il a suffisamment grossit, nous coupons le vieux tronc.
- Le surgreffage de type « T-Bud » est pratiqué au domaine sur une parcelle de Braucol, afin de conserver le développement racinaire ancien, tout en changeant de variété.